L’histoire de la réception de Hodler a connu plusieurs vagues successives. «Artiste à scandale», il participait aux expositions de la Sécession berlinoise et viennoise autour de 1900 et se rangeait ainsi parmi les artistes les plus progressistes de son temps. Mais Hodler avait dû travailler dur pour parvenir à ce succès professionnel, lui qui venait d’une famille humble. Ces origines et sa prédilection première pour les sujets tirés de la vie des artisans valurent à Hodler la sympathie de socialistes tels que Hans Mühlestein (1887–1969), qui fut d’ailleurs son premier biographe. À sa mort, en 1918, Hodler était vénéré comme plus grand peintre de Suisse, cependant après la Seconde Guerre mondiale, son œuvre souffrit de désaffection. Il fallut attendre les années 1980 pour que Hodler soit de nouveau estimé et apprécié en Suisse. Si l’histoire de l’art reconnaît en lui un artiste novateur, Hodler s’est imposé auprès du grand public comme un symbole des valeurs traditionnelles. Le Kunsthaus s’appuie sur cette évolution de sa réception pour présenter Ferdinand Hodler entouré et accompagné d’artistes internationaux contemporains. Le concept de l’exposition a été élaboré par Sandra Gianfreda et Cathérine Hug, commissaires au Kunsthaus, en association avec un collectif – à qui l’on doit aussi la sélection des 30 artistes invités. Ont notamment participé au collectif les artistes Sabian Baumann (*1962), Ishita Chakraborty (*1989) et RELAX (chiarenza & hauser & co; depuis 1983). Ils ont réagi à une liste de tableaux de Hodler, elle aussi élaborée en commun. La scénographie a été réalisée en étroite collaboration avec l’artiste Nicolas Party (*1980).

Intitulée «À propos de Hodler – Regards actuels sur une icône», cette exposition place pour la première fois Hodler dans le contexte des débats actuels, abordés à travers quatre champs thématiques tirés de son travail et confrontés à l’époque présente: paysages, corporalités, communautés, et mystère/transcendance. Quelle était la position de Hodler vis-à-vis de ces thèmes, quelle est celle des artistes d’aujourd’hui? Il est question de changement climatique, de gestion des ressources, de représentation des êtres humains et de leur corps dans un contexte d’identités fluides. Quel rôle joue le besoin d’appartenir à une communauté ou la conscience des origines dans un monde globalisé?

Le Kunsthaus Zürich, institution qui avec le Musée d’art et d’histoire de Genève possède la plus grande collection publique d’œuvres de Hodler, ne s’est pas cantonné à ce fonds. Certains tableaux sont complétés par des œuvres clés venant d’autres collections publiques et privées de Suisse. À ces quelque 60 œuvres de Hodler s’ajoutent des travaux de 30 artistes contemporains de diverses régions culturelles: Asim Abdulaziz, Laura Aguilar, Caroline Bachmann, Sabian Baumann, Denise Bertschi, Ishita Chakraborty, Andriu Deplazes, Latifa Echakhch, Eva Egermann et Cordula Thym, Marianne Flotron, Dani Gal, María Elena González, Hemauer/Keller, David Hockney, Sasha Huber, Roland Iselin, Frantiček Klossner, Nils Amadeus Lange, Izidora I LETHE, Urs Lüthi, André M’Bon, Uriel Orlow, Nicolas Party, RELAX (chiarenza & hauser & co), Ugo Rondinone, Susan Schuppli, Selma Selman, Milva Stutz et Latefa Wiersch. Avec de nouvelles productions spectaculaires de Nils Amadeus Lange, Izidora I LETHE, Nicolas Party et RELAX (chiarenza & hauser & co).

Avec le soutien d’UBS, Partenaire Kunsthaus Zürich, de la Fondation Ernst Göhner et du Boston Consulting Group (BCG).